Sabrina, consultante dans l’accompagnement à la digitalisation de la fonction finance, fait le point ici sur les enjeux digitaux de la DAF.
Sabrina, Datascientist en herbe
« Issue d’une formation purement technique, en tant qu’ingénieur Datascientist, ma première expérience en tant que consultante a consisté à comprendre les enjeux financiers de l’entreprise. J’ai pu ainsi élaborer les rapports chiffrés mensuels et journaliers. J’ai construit les indicateurs financiers permettant de gérer les états de l’entreprise à destination du management du groupe pour une meilleure prise de décision. L’objectif étant ensuite de procéder à l’optimisation d’un outil déjà existant. J’ai donc assisté un contrôleur de gestion dans sa vie de tous les jours.
Dans le cadre de la communication financière à destination des actionnaires, nous avons réalisé une analyse financière globale du groupe que l’on a appelé « IRM ». Cette étude nous a permis de nous informer jusqu’au plus petit détail de l’état financier de l’entreprise, de connaître les différents risques qu’elle encourait, d’analyser et de comprendre les écarts détectés. Nous avons alors pu obtenir une vision sur la tendance de l’activité et créer une communication interne entre les différents corps de métiers.
Quels enjeux digitaux pour les DAF ?
Pertinence et volumétrie
« Excel étant l’outil le plus utilisé pour la création des analyses et des rapports, la fonction financière repose essentiellement sur des compétences humaines en partant de la création des modèles et des indicateurs pour arriver à la construction de différents rapports. Lors de ce projet, j’ai pu observer que la capacité de l’outil historique a significativement impacté notre analyse sur plusieurs niveaux. La pertinence n’était pas au rendez-vous avec un risque d’erreurs élevé dans les calculs, voir systématique. La volumétrie des données dépassait la capacité de l’outil. Avec des bases de données allant parfois jusqu’à 13 000 lignes, souvent sur plusieurs onglets, Excel ne supportait plus la quantité d’informations. Nous avons donc observé des défaillances comme une perte de données ou la perte d’un travail effectué. »
Temps et complexité
« La variété des analyses ne permettait pas de croiser les résultats. Avec Excel, il y a autant de manières d’analyser possibles que d’utilisateurs. Mais l’analyse d’un collaborateur ne peut pas être croisée avec celle d’un autre. Dans le nouvel outil que j’avais pour mission de mettre en place, la manière d’effectuer l’analyse est harmonisée.
La contribution de plusieurs personnes était nécessaire pour générer la quantité de rapports prévue. Il a fallu 4 personnes pour produire chacun différentes parties de ces rapports. Un nouvel outil aurait permis de ne le faire qu’avec une seule.
Nous avons passé beaucoup de temps à produire et avons été plusieurs à faire un travail qui, normalement, ne devait pas absorber autant de temps et de ressources. Nous avons en effet, travailler sur ces rapports pendant 1 mois et demi. Alors que nous aurions pu effectuer ce travail en moins d’une heure…
J’ai compris que les enjeux varient dans le temps et que l’équilibre n’est pas une évidence. Mais surtout, qu’il faut trouver une solution afin de remédier aux différents points de freinage.
Depuis quelques années, sont apparues des solutions de plus en plus pointues. Elles permettent des analyses plus fines, fournissent des données plus fiables, autorisent des décisions plus rapides. Selon le contexte et le domaine, on applique des solutions personnalisables. »
Quel rôle pour le DAF ?
Cette émergence technologique crée à la fois un sentiment de peur et de soulagement.
D’une part, elle implique un changement d’habitudes, un nouveau savoir-faire à acquérir et un risque de rupture de production, qui sans nul doute demeure intolérable. La transformation aux processus informatisés est désormais indispensable.
Et d’autre part, elle permet surtout aux métiers du chiffre, notamment les financiers, de :
- Se concentrer sur l’analyse et l’interprétation des données,
- Diminuer les risques d’erreurs au niveau de la production,
- Analyser les écarts en temps réel,
- Piloter la communication interne,
- Connaître les risques et anticiper les solutions,
- Créer une meilleure connexion entre les différents métiers.
La révolution digitale est en marche. Elle amènera les entreprises à muter pour rester à un niveau de performance à la hauteur du marché. Et les DAF ont un rôle primordial à jouer dans cette transformation…
La révolution du digital implique une évolution des outils et des méthodes de travail. Cette renaissance décharge l’humain des tâches répétitives et crée un gain de temps considérable. Ce mix d’intelligence humaine et artificielle ouvre la porte à plusieurs réalisations, à plus d’efficacité et surtout au passage à l’action.
Certains pensent que ce changement d’habitudes est une menace pour les métiers classiques. Mais au contraire ! Il représente une intarissable mine d’opportunités, une collaboration humaine et technologique dont les fruits mûrissent en temps réel. Et plus encore… Ils sont prêts à être consommés, et ce, dans tous les domaines et pour tous les métiers.
Le DAF prend plus de décisions, acquiert une double compétence et devient un élément essentiel de la stratégie de l’entreprise !
Le digital offre ainsi l’opportunité au DAF de sortir de son cocon et de s’inscrire dans le développement de l’entreprise. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de compétences métiers qui se convertissent aux processus numérisés. Cette double compétence est devenue indispensable pour la réalisation de toute tâche analytique et pour toute exploitation des informations financières. Elle apporte ainsi une meilleure compréhension des processus et du business, que les nouvelles technologies transfigurent aujourd’hui. La conversion à la double compétence est donc devenue vitale.
Avec le digital, le DAF a une boule de crystal entre les mains, il sera lanceur d’alertes et saisisseur d’opportunités !
Désormais, la production des données occupe de moins en moins de temps grâce à l’industrialisation et à la filialisation créées par les différents outils techniques. Ainsi, la concentration des financiers tend vers l’analyse et la compréhension.
Il reste essentiel car il est humain !
Le digital assure l’intégrité des données. Il représente la façon idéale de pratiquer son métier et d’atteindre la qualité en déléguant les tâches automatiques aux soins de la technologie. L’intelligence humaine reste cependant indispensable. Elle représente à la fois la garantie, la conformité et l’explication des résultats produits. C’est bien à ce niveau que la valeur humaine est prouvée dans les métiers du chiffre. Et c’est ce qui prouve que la dite menace technologique est plutôt un booster de performance. »