Interview de Leah, référente coopérative chez INTIS
Qui es-tu et pourquoi ce sujet te concerne ?
Bonjour, je suis Leah, office manager et référente coopérative élue par les sociétaires chez INTIS.
La SCOP (société coopérative et participative), qu’est-ce que c’est ?
Si tu devais expliquer la SCOP à un enfant ?
Je lui dirais que ce n’est pas l’entreprise classique avec son patron et ses sujets. C’est la boîte des employés (parce qu’elle appartient aux sociétaires) et chacun a son mot à dire.
D’où ça vient la SCOP ?
Au milieu du 19ème siècle, des ouvriers ont voulu faire entendre leur voix : « on va se regrouper parce que, seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». L’état a mis des bâtons dans les roues et la SCOP est restée jusqu’au 20ème siècle, un mouvement officieux, plutôt secret.
Quels sont les intérêts pour une ESN (Entreprise de Services du Numérique) comme INTIS d’adopter le modèle SCOP ?
L’idée est de partager au mieux les compétences parmi les grands pôles (l’équipe commerciale, les consultants). Quand tu fais partie d’une SCOP, tu t’impliques d’autant plus dans une démarche de performance (financière et extra financière) car c’est ta boîte et pas celle d’un grand patron. Personne ne peut voir un intérêt à mettre des bâtons dans les roues !
La SCOP chez Intis
Les différents types de profil chez INTIS ?
Chez INTIS, on trouve dans les équipes :
- Les salariés, qui ne sont pas encore sociétaires et qui doivent présenter leur candidature que l’assemblée des associés décidera d’accepter ou non (ils ont 1 an pour le faire à partir de leur début de CDI),
- Les sociétaires participent aux AG, ils sont là pour voter la stratégie de la boîte (positionnement, approbation des comptes par exemple),
- La gérance : élue par les sociétaires parmi les associés, ils ont un mandat de 4 ans, renouvelable. Ils gèrent le quotidien de la boîte;
- Le conseil de surveillance : s’assure de la bonne gestion de l’entreprise par des contrôles réguliers (mandat de 4 ans, élu par les sociétaires parmi les associés),
- Et la référente coopérative (moi).
En tant que référente coopérative, que fais-tu pour la vie de la SCOP ?
Concrètement pour la SCOP, je prépare les assemblées générales en convoquant l’assemblée et en leur transmettant les documents nécessaires (documents comptables, registre d’AG, …), je rédige les procès-verbaux, j’organise les élections des mandats.
Je suis impliquée dans l’écosystème de l’URSCOP (Union Régionale des SCOP) et participe à des rendez-vous avec d’autres coopératives.
Mais parce que la place du recrutement et le On Baording sont essentiels pour faire passer les bons messages aux candidats et aux nouveaux salariés, je suis aussi en charge d’accompagner les nouveaux entrants, je reprends les instances mises en place, le rôle du sociétaire, les statuts. J’essaye de faire comprendre que s’il y a une question là-dessus, il faut la poser.
Ce que tu aimerais faire de plus ?
Je souhaiterais définir un parcours de formation au sociétariat avec des formations pour les futurs sociétaires sur les enjeux de la SCOP.
Je souhaiterais mettre en place un baromètre pour la qualité de vie au travail dans l’ESS.
Aujourd’hui, quand on rentre chez INTIS, nous avons un parrain ou une marraine qui nous accompagne dans nos premiers pas dans l’entreprise, qui répond aux questions, … pour aller encore plus loin dans cette démarche, je souhaiterais mettre en place des to do list à destination des parrains et marraines.
Les limites que tu ressens dans la SCOP ?
Avec l’expérience, on peut ressentir certaines limites à la SCOP et notamment le fait que malgré tout, la démocratie prend du temps surtout quand on parle à 22 personnes. Il faut que tout le monde puisse avoir son mot à dire.
Cependant, certaines décisions relèvent uniquement de la gérance. Et dans ce cas, il faut réussir à définir clairement la frontière entre les décisions de gérance et les décisions de sociétaires.
La recette d’une bonne SCOP ?
Je ne pense pas qu’il y ait de recette pour une bonne SCOP car elle se caractérisera complètement différemment d’une organisation à une autre. Empiriquement, les points de vigilances du modèle SCOP sont :
- Le recrutement. C’est le nerf de la guerre, on cherche son futur associé qui respectera l’entreprise, ses valeurs et s’investira dans les réussites collectives.
- La place des intérêts collectifs et personnels. Il faut savoir fixer la limite entre les deux.
- Être transparent dans la rémunération et ne pas faire d’exception.
